Pilote de ligne, elle est devenue responsable de service espaces verts

« Ces deux mondes n'ont, a priori, rien en commun. Mais c'est en exerçant le premier que je me suis rendu compte à quel point j'étais sensible et attachée aux jardins et aux paysages et que je souhaitais faire évoluer mon parcours professionnel vers ce domaine », constate la jeune femme. Au départ, la passion des végétaux lui est instillée dans le sud de l'Essonne « dans une famille où ma mère a toujours cultivé un très beau jardin avec de multiples massifs fleuris, dans un esprit très naturaliste et écologique ». Elle passe un baccalauréat section économie, a l'occasion de s'initier au pilotage de petits avions lors de vacances, et se découvre une passion pour le monde aérien.

Dans un premier temps, ne pensant pas envisageable de devenir pilote, elle s'oriente vers le domaine technique, repasse un baccalauréat scientifique (bac D) et intègre le BTS « maintenance et exploitation des systèmes aéronautiques » d'Hazebrouck (59). Elle entreprend ensuite une formation privée de deux ans et obtient en 1994 son diplôme de pilote professionnel « avion ». Embauchée au sein de la compagnie Air Normandie (aujourd'hui disparue), elle débute sa carrière comme copilote puis devient commandant de bord. Elle opère durant huit ans sur des vols régionaux et à destination de l'Europe. Devenue mère de famille, elle souhaite effectuer une première réorientation et devient instructrice sur simulateur de vol pour de jeunes pilotes en formation et pour les recyclages obligatoires des plus expérimentés.

Après dix ans dans le secteur de la formation et à l'approche de la quarantaine, elle décide de se tourner cette fois vers une nouvelle voie professionnelle. « Ma motivation pour changer de secteur était portée par deux objectifs : mon besoin d'exercer un métier avec des horaires moins contraignants... Les instructeurs travaillent la journée, mais aussi la nuit car les simulateurs fonctionnent 24 heures sur 24. Et bien sûr, mon envie de m'épanouir dans un autre domaine, celui des plantes. Lorsque j'étais pilote, je ne manquais pas une occasion de visiter les parcs et les jardins au cours de mes escales. Et à la réflexion, pour moi, l'un des attraits du métier de pilote, hormis l'aspect technique, était de pouvoir découvrir des multitudes de paysages. Ce métier ne laisse toutefois aucune place au hasard et à la créativité, ce qui me manquait ! »

Deux formations à distance

En septembre 2009, elle négocie un mi-temps auprès de son employeur et s'inscrit en BTS « aménagements paysagers » par le biais du Cerca (centre de formation agricole à distance) de l'ESA d'Angers. Les cours sont dispensés à raison d'une semaine par trimestre, entre lesquels il faut fournir un important travail personnel. Ève Duval effectue son stage au service des espaces verts de la ville de Beauvais (60). Le contact avec le terrain la conforte dans l'idée qu'elle a trouvé sa voie et qu'elle souhaite approfondir sa formation. Elle enchaîne par une licence professionnelle « aménagements paysagers », option infographie et conception paysagère, toujours avec le Cerca d'Angers. Cette formation pour adulte se déroule pendant dix-huit mois avec un stage de trois mois qu'elle réalise au sein de l'atelier de paysage Artemise, à Noisy-le-Sec (93).

Une fois diplômée, Ève Duval met en place quelques projets pour des particuliers puis elle intègre un poste de paysagiste dans le cadre d'un CDD d'un an (septembre 2012 à septembre 2013) au coeur de Moussy-le-Neuf (77). « L'objectif de cette petite commune de 3 000 habitants était de développer son patrimoine végétal et son fleurissement, en vue de l'obtention de la 4e Fleur au Concours national des villes et villages fleuris. Cette première expérience a été très enrichissante. Elle m'a permis de faire valoir mes compétences en conception paysagère, mais aussi de travailler sur le terrain car je participais à la réalisation des projets. »

À la suite de cette fonction, elle a rejoint, en septembre 2013, la commune de Gonesse en tant que responsable du service des espaces verts, technicien principal deuxième classe. « Je gère une équipe de dix-huit personnes dont cinq cadres “intermédiaires” (adjoint, responsable des serres, mécanicien, chef d'équipe, responsable du suivi des entreprises), et une douzaine de jardiniers. Nous avons un patrimoine de 85,8 hectares d'espaces verts, dont 42,5 ha de pelouses, 16,7 ha de massifs arbustifs, 2 ha de massifs de rosiers, et 0,9 ha de massifs fleuris. » L'originalité de l'organisation du service tient dans le fait que tous les travaux d'entretien sont externalisés et réalisés par des entreprises (marché public sur quatre ans), tandis que la régie ne se consacre qu'à la conception et à la réalisation des petits aménagements paysagers et de tous les massifs fleuris. « J'assure des missions de gestion administrative et financière, de management d'équipe, de gestion de projets, – autant de responsabilités exercées auparavant –, et également de conception paysagère. »

Yaël Haddad